Last spring, I was commissioned by Radio France to produce a radio musical work for a France Musique program (Création Mondiale hosted by Anne Montaron). There was a partnership with INA GRM, where I was invited to do a one-week residency in their studio to compose a 10-minute electroacoustic piece, in the form of 5 fragments of 2 minutes each. I chose to title my piece "Dreaming the Imperceptible", a partial nod to the American activist Starhawk's book "Dreaming the Obscure", whose title I took up a bit - but with a totally derivative intention. The initial constraint that I had set myself was to start with night sounds from my environment. Are night sounds different from day sounds? In fact, I think that there is an intrinsic difference but does the perception also differ from the lack of visibility? In fact, at night, sounds are quieter, everything takes on a tiny dimension. The complete darkness makes that we are in an acousmatic situation where the sounds move away from the visible. I wanted to pay attention to these micro-phenomena of sound that we do not pay attention to during the day. At night, we have the impression that nothing happens, we have the impression that nature is inert. But in reality, it vibrates, it speaks to us, but in a whisper.
I wanted to create miniatures in the heart of the imperceptible sound from this slightly evanescent matter that I had captured, modulated with modular synthesizer sounds, and my voice. I wanted to approach the synthesizer from this point of view - proper to the meditation, with this constraint, that forced me to specify my gesture. I used the modular synthesizer as a brush that allowed me to underline the properties of natural sound, to enter into resonance, to melt but also to deform it. I wanted to arrive at a slightly distorted perception of the landscape, a landscape that was a little more interiorized. A landscape which is the reflection of an experience lived in a subjective way, where the visual field is reduced but allows to reach other phenomena of perception. To pass from something figurative to abstract and mental elements.

J’ai obtenu une commande de Radio France au printemps 2021 pour réaliser une œuvre radiophonique dans le cadre d’une émission de France Musique (Création Mondiale animée par Anne Montaron). Il y avait un partenariat avec l’INA GRM, où j’ai été invitée à faire une résidence d’une semaine dans leur studio pour composer une pièce électroacoustique de 10 min, sous forme de 5 fragments de 2 minutes à chaque fois. J’ai choisi d’intituler ma pièce « rêver l’imperceptible », clin d’oeil partiel à l’ouvrage de la militante américaine Starhawk « rêver l’obscur », dont j’ai repris un peu le titre – mais avec une intention totalement dérivée. La contrainte de départ que je m’étais fixée, c’était de partir de sons nocturnes de mon environnement. Est-ce que les sons nocturnes sont différents des sons du jour? De fait, je pense qu’il y a une différence intrinsèque mais la perception diffère-t-elle également du manque de visibilité ? De fait, dans la nuit, les sons sont plus silencieux, tout prend une dimension infime. L’obscurité complète fait qu’on est en situation acousmatique où les sons s’éloignent du visible. Je voulais prêter une attention à ces micro-phénomènes sonores auxquels on ne prête pas attention dans la journée. La nuit, on a l’impression qu’il ne se passe rien, que la nature est inerte. Mais en réalité, elle vibre, elle nous parle, mais en chuchotant.
Je souhaitais créer des miniatures au coeur de l’imperceptible sonore à partir de cette matière un peu évanescente que j’avais capturé, modulée avec des sons de synthé modulaires, et ma voix. Je voulais approcher le synthétiseur de ce point de vue là – propre au recueillement ; avec cette contrainte, ça m’a obligé de préciser mon geste. J’ai utilisé le synthé modulaire comme un pinceau qui permettait de souligner des propriétés du son naturel, de rentrer en résonance, de se fondre mais aussi à la déformer. J’avais envie d’arriver vers une perception un peu déformée du paysage, un paysage un peu plus intériorisé. Un paysage qui soit le reflet d’une expérience vécue de façon subjective, où le champ visuel se réduit mais permet d’accéder à d’autres phénomènes de perception. De passer de quelque chose de figuratif vers des éléments abstraits et mentaux.